Noir. Noir comme la nuit. Noir comme des bas noirs. Ceux-ci sont les représentants symboliques, et pragmatiques, d'une révolution profonde s'étant opérée il y a quelques années : celle qui m'a permis de créer la vie et de générer l'espace nécessaire à la naissance de l'artiste accomplie en moi.
Les premières mailles
Nous sommes en 2010. Je porte la vie en moi pour la première et unique fois. Il s'appellera Maïk et il se déposera dans ma vie en novembre. Je me prépare doucement. J'observe que moins j'ai de place dans mon propre corps et plus le besoin de faire de la place dans mon cœur et dans ma tête devient pressant. Je dois faire de l'espace en moi et dans ma vie pour accueillir cet être humain et déployer mon nouveau rôle dans toute sa grandeur. C'est là que tout commence.
Les premiers pas
Le besoin était tellement manifeste que c'est sans réel effort que j'ai débuté un processus d'épuration. J'avais un besoin de simplicité, de silence et de lumière. Alors j'ai donné, vendu, recyclé et jeté. Et l'immensité fut. J'ai compris que la liberté intérieure peut s'avérer inversement proportionnelle au nombre de nos possessions matérielles.
Le pas de recul
Pourquoi fais-je ce que je fais ? La réponse obtenue à cette simple question m'a permis de goûter à l'élasticité du temps ; savourer ma propre nonchalance a permis à ma vie de prendre de l'expansion. Et c'est l'incapacité à trouver un sens à des gestes pourtant quotidiens qui a propulsé ma métamorphose :
Pourquoi plier ses petits bouts de tissus qui serviront à ramasser poussière et saleté ?
Pourquoi faire des déplacements spontanés et infructueux lorsqu'ils peuvent attendre la prochaine fois ?
Pourquoi multiplier les obligations sociales au prix de mon temps libre en famille ou seule avec moi-même ?
Pourquoi m'imposer un mémento rigide et faire préjudice à mon rythme naturel ?
Pourquoi me gaver passivement d'ondes télévisuelles au détriment de ma créativité ?
Pourquoi créer du bruit et ne pas savourer l'écho du silence ?
Pourquoi encore et encore.
Doucement, les gestes inutiles se sont évanouis. Les minutes économisées sont devenues des heures; et les heures une éternité. Subtilement, je me suis rivée à mon rythme naturel, j'ai investi mes talents et la vitalité est entrée dans ma demeure.
Le pas feutré des bas noirs
Et une part de cette éternité et de cette vitalité réside dans le noir. La noirceur se blottit dans presque chacun de mes habits et je ne porte que des bas noirs. Pourquoi créer de la distorsion visuelle par une nomenclature vestimentaire infinie quand le noir, dans sa plus pure simplicité, me séduit et m'enveloppe ? Pourquoi complexifier l'aube de ma journée quand je peux tout simplement me glisser dans une tenue aux couleurs de l'éternité ? On dit que le noir est l'absence de couleur. Pour ma part, le noir représente la vastitude d'un ciel étoilé et la discrète mélodie du calme intérieur. Quand il y a moins de bruit, l'horizon est infini.
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