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Oups! Erreur. Et je n'en suis pas désolée.


“Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. » Cette citation de Mark Twain me fait vibrer. Elle illustre parfaitement le pouvoir de nos pensées sur notre expérience de la vie. Et pour valider l'exactitude de cette affirmation, j'ai été mon propre cobaye, à plusieurs moments de ma vie et dans divers contextes. Sans le savoir et directement sous vos yeux, vous avez été témoins de l'une de mes plus révélatrices expérimentations.


Ramenons-nous en 2015, moment où j'ai fait mon coming out d'artiste et que je vous ai exposé le fruit de mon travail; des lignes précises, des traits bien pensés, une attitude contenue et bienséante. Cette approche tenait à une croyance bien ancrée en moi jusqu'alors; faire des erreurs n'est pas une bonne chose. J'avais horreur de l'erreur, mes erreurs et celles des autres. Je recherchais l'absolu et bien souvent, je n'osais prendre les risques requis pour avancer. Et lorsqu'une erreur survenait, car elles surviennent toujours, c'était la déception, la honte. J'étais persuadée que pour être estimée, chacune de mes actions devait être la bonne, au bon moment, au bon endroit, tout le temps. À trop vouloir éviter les erreurs, je me repliais sur moi-même et je n'explorais pas toutes les possibilités existantes.

Le développement de ma pratique artistique m'a graduellement menée à une impasse, car il est impossible de créer une oeuvre sans faire d'erreur; un trait mal ficelé, une couleur mal agencée, une goutte de trop. Alors que faire? Je me butais constamment à mon personnage, déjà bien établi sur le canevas, jugeant sans cesse mes efforts, mes écarts et torturant l'âme créative en moi. Combative, je suis montée au front et j'ai asséné le coup fatal, et libérateur, à mon processus créatif. Je lui ai tendu un piège, un de ceux dont on ne se défait pas; je l'ai inversé et je lui ai enlevé ses repères. Le fond, empreint de spontanéité, d'éclats, de remous et de codes d'erreurs est alors devenu le point de départ, la pierre d'assise où allait éventuellement apparaître mon personnage. Libre de ce joug, je pouvais pourfendre la toile à coups de pinceau, fouetter le canevas de giclées colorées et griffer la matière de mes deux mains. Et la satisfaction fut.

C'est en changeant ma façon de faire et de voir les choses que la notion d'erreur s'est également transformée. De facteur de risque, elle est devenue catalyseur de ma créativité. Le fait de libérer celle-ci ne nécessitait pas de courage, tel que je le croyais auparavant. Je comprenais enfin que s'exposer au risque et avancer malgré tout donnait du courage. Je saisissais de façon manifeste à quel point il est impossible de réussir, là où l'on n'est pas prêt à échouer. Un déclic s'est ainsi opéré en moi. J'ai osé, j'ai provoqué, j'ai risqué et j'ai évolué. Mon art s'est transformé au même rythme que moi-même. Et je me suis enfin reconnue dans mes propres créations.

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